Capuches noires couvrant la tête, visages sérieux, baissés, si ce n’était les écouteurs, on se croirait dans un monastère. Mais ce ne sont pas dans des stalles qu’ils s’alignent, mais sur les sièges du métro, les voyageurs.
La foule se presse, la presse se défoule, la plateforme est blindée, mais sur les strapontins, ils restent assis, les voyageurs. Capuche baissée, visages rabattus, air grave, plongés dans leurs bréviaires, non, leurs smartphones, les mains jointes en prière électronique, ils ne voient plus les autres, les voyageurs. Peu importe qu’on se plie en deux pour demeurer debout, eux, ils demeurent assis, les voyageurs.
Incapables d’attendre, de patienter, ils remontent en courant les escalators, ne tiennent pas les portes qui claquent dans un bruit terrifiant, ils poussent les vieilles et les enfants, les voyageurs.
Où vont-ils dans la cacophonie des couloirs engourdis, les annonces de panne, les odeurs de sueur, les voyageurs ? Vers quelle destination, vers quel paradis, qui empêche de regarder autour de soi ?
Et soudain un appel : l’un d’eux hurle sa vie privée pour se faire entendre, très loin, à l’autre bout du fil.
Puis, il raccroche.
Il est de nouveau seul.
Le voyageur.
Il a soif…
Il a faim…
Un peu d’humanité peut-être…
Et se savoir aimé…
Créé ?
Qu’on lui annonce qu’il est attendu quelque part ?
Oui, c’est urgent, urgent, avant qu’il n’y ait un autre…
…incident voyageur.
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Image publiée sous licence Creative Commons par Eric Erathic à cette adrresse : http://www.flickr.com/photos/invad3r/2184539361/in/photostream/
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